Défi des législatives anticipées, actualité de la droite, ambitions politiques, … Notre confrère de Valeurs Actuelles, Quentin Hoster, auteur d’un livre sur David Lisnard, décrypte pour Riviera Tribune l’opportunité du maire LR de Cannes de placer son parti Nouvelle Énergie au coeur des débats, avec dans le viseur, la présidentielle de 2027.
Riviera Tribune : Concrètement, comment définir son parti Nouvelle Énergie (NE), encore un peu méconnu ?
Quentin Hoster : C’est un parti de droite libérale très actif sur le terrain mais pour le moment discret sur le plan médiatique, qui n’est pas un “courant” des Républicains mais à part entière. Il compte 10.000 adhérents, 80 relais départementaux et 700 élus locaux partout en France.
Il a été lancé par David Lisnard en 2014 pour conquérir la mairie de Cannes, et transformé en parti national en 2021 pour peser sur le débat à droite.
R.T : Quelle différence avec LR ?
Nouvelle Énergie est un vrai parti libéral, qui veut parler davantage d’éducation, de culture, d’écologie, de décentralisation, de lutte contre la bureaucratie, de réforme de l’Etat. Des sujets qui sont devenus secondaires chez les LR depuis la défaite de François Fillon.
“Il a mis des mots sur des maux”
Quentin Hoster à propos de David Lisnard
R.T : Comment veut-il faire imposer Nouvelle Énergie ? Pourquoi pas plus de candidats aux legislatives avec seulement l’étiquette NE ?
Q.H : L’objectif de David Lisnard est de peser et faire monter en puissance Nouvelle Énergie, sans toutefois diviser davantage la droite et brouiller le message. 71 candidats ont été présentés, avec une grand majorité de doubles investitures LR/NE.
Avec la bataille juridique entre Éric Ciotti et les cadors des Républicains, on ne sait pas encore ce que le parti va devenir, d’où le fait que Alexandra Martin, par exemple, à Cannes, affiche seulement l’étiquette Nouvelle Énergie, bien qu’affiliée aussi aux Républicains. Face à elle, il y a une candidate RN qui revendique être soutenue par Ciotti, alors qu’il avait fait la campagne d’Alexandra Martin en 2022, avec le maire de Cannes.
R.T : On imagine que ces législatives sont une première étape. Pour quel projet ensuite ?
Q.H : La Présidentielle de 2027. Mais on ne sait pas quel sera le chemin d’ici 2027. Si les Républicains parviennent à s’émanciper de Ciotti et du RN, peut-être que David Lisnard pourra travailler avec eux. Ou bien il finira par s’en détacher.
En attendant, il pousse ses thèmes dans le débat, dont il parle depuis très longtemps et qui deviennent maintenant de vrais sujets sur la scène politique. Récemment, Édouard Philippe s’est montré favorable à la retraite par capitalisation, qui était la grande marotte de David Lisnard l’été dernier lors de la réforme des retraites.
S’il a réussi à se faire connaître sur le plan national en 2–3 ans, c’est parce qu’il a mis des mots sur des maux, notamment sur la bureaucratie qui l’a révélée pendant le Covid par sa gestion de la crise, en palliant les défaillances de l’État. David Lisnard veut renverser l’approche habituelle, qui consiste à faire des chèques, des lois et des taxes dans le pays qui en a le plus au monde, en parlant de performance publique. C’est le seul libéral authentique du paysage politique !
R.T : Eric Ciotti a dit qu’il pouvait travailler avec David Lisnard en cas de victoire. Est ce que le maire de Cannes aurait un intérêt de rejoindre le gouvernement dans les prochaines semaines ?
Q.H : Non. Cela reviendrait à renier ce qu’il a mis en place ces dernières années avec Nouvelle Énergie. Il a d’ailleurs attaqué la méthode de l’alliance, mais pas Ciotti en tant que personne qu’il connaît très bien.
David Lisnard a été sollicité à de nombreuses reprises par Emmanuel Macron depuis 2017, mais contrairement à d’autres, il n’a jamais dévié de sa ligne politique, qu’il est le seul à incarner. Entrer au gouvernement signifierait nécessairement transiger avec ses principes, que personne ne peut porter à sa place. Mais il y a encore du chemin à parcourir.